Marrakech – L’artiste plasticienne et photographe, Lalla Essaydi signe son grand retour à Marrakech, sa ville natale, avec l’exposition captivante «L’invisible dévoilé» au musée des Confluences «Dar El Bacha», qui se veut une invitation à interroger les thèmes du genre, de l’identité et de l’histoire culturelle.
Organisée par la Fondation Nationale des Musées, cette exposition, dont le vernissage s’est déroulé, lundi, en présence notamment du wali de la région de Marrakech-Safi, gouverneur de la préfecture de Marrakech, Farid Chourak, du président de la Fondation Nationale des Musées, Mehdi Qotbi, et d’un parterre d’artistes et d’acteurs du monde de l’art et de la culture, met en lumière la célèbre série «Harem» de cet artiste de renom, qui explore les constructions sociales et historiques complexes entourant le concept du harem, un espace privé traditionnellement réservé aux femmes dans le monde musulman.
Cette fascinante collection produite en 2009 au Palais Dar El Bacha invite ainsi à la découverte d’une panoplie de portraits saisissants de femmes parées de caftans aux motifs élaborés et recouvertes de calligraphie arabe tracée au henné.
Dans ses photographies, Lalla Essaydi présente des femmes parées de caftans aux motifs élaborés qui s’imbriquent dans les carreaux de zellige et les boiseries sculptées environnantes, devenant ainsi un autre élément décoratif du palais. A travers son regard artistique, elle remet en question et réinterprète ces constructions sociales pour offrir une perspective intime sur la vie et le rôle des femmes dans ces environnements clos.
L’artiste recourt aussi à la calligraphie arabe, une pratique dominée par les hommes, pour écrire sur le visage, les mains, et les pieds des femmes, en utilisant le henné qui représente une tradition féminine, afin de transcender les codes sociaux.
Dans une déclaration à la MAP à cette occasion, M. Qotbi s’est réjoui d’accueillir cette grande artiste et photographe de renom dans ce lieu emblématique de Dar El Bacha où elle a imaginé et réalisé ces oeuvres il y a une quinzaine d’années, soulignant que cette collection «remonte le cours de l’histoire et surtout remet, à la fois en scène les photos mais aussi le lieu en tant qu’espace chargé d’histoire».
«Un lieu où on met aussi en image la culture artisanale que le Maroc possède depuis des siècles», surtout que Lalla Essaydi a cette chance de figurer dans les grands musées du monde, a expliqué M. Qotbi.
Pour sa part, Mme Essaydi a dit toute sa joie de marquer son retour à Marrakech, et au musée des Confluences en particulier, où elle a réalisé toutes ces oeuvres, expliquant que son travail est hanté par l’espace, à la fois réel et métaphorique, mémorisé et construit.
Et d’ajouter que ses photographies sont nées d’un besoin de retrouver son identité et d’immortaliser des espaces réels, en particulier ceux de son enfance.
«Mon travail témoigne de mon expérience de femme ayant grandi dans la culture marocaine et musulmane», a-telle dit, relevant que «c’est l’histoire de ma quête d’une voix, la voix unique d’une artiste».
Lalla Essaydi, qui vit actuellement entre le Maroc et les États-Unis, est titulaire d’une maîtrise en beaux-arts de l’École du Musée des Beaux-Arts/TUFTS University à Boston, où elle a commencé à expérimenter la photographie, son médium de choix actuel.
Ses œuvres photographiques ont été exposées dans les grandes villes américaines telles que Chicago, New York, Boston, mais aussi dans de nombreux pays comme l’Angleterre, la France, les Pays-Bas, les Emirats arabes unis, le Japon, l’Azerbaïdjan, Singapour et autres.
Elles font partie des collections nationales du Maroc, du Williams College Museum of Art, du Art Institute of Chicago, du San Diego Museum of Art, du National Museum of Women in the Arts, du Harvard Art Museum, du Musée du Louvre, du British Museum, du Arab Museum of Modern Art au Qatar, du Bahrain National Museum, entre autres.
L’art d’Essaydi fusionne souvent la calligraphie arabe avec des représentations de la forme féminine, explorant la réalité complexe de l’identité de la femme arabe à travers ses expériences personnelles.
Une grande partie de son expérience artistique reflète ses souvenirs d’enfance au Maroc, perçus sous le prisme d’une femme adulte qui navigue à la croisée du passé et du présent. Son travail puise fréquemment dans l’imagerie orientaliste telle qu’elle est dépeinte dans la pratique artistique occidentale, incitant ainsi l’œil du spectateur à reconsidérer les récits orientalistes.
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