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Le tiroir : espace secret de la pensée humaine

por Rosa Amor del Olmo

Qu’y a-t-il dans les tiroirs d’un meuble, d’un buffet ? Les tiroirs d’une armoire ? A quoi ça sert ? Quel est leur objet ? Qui les a inventés ? Les tiroirs des meubles, j’ai bien ma petite idée et après des sondages et des statistiques auprès d’amis et de voisins, je suis parvenue à la conclusion que ça ne sert absolument à rien.

Que cachent-ils en réalité ? Est-ce que ça ne serait pas les espaces secrets de la pensée humaine ? Pourquoi est-ce que je dis cela ? Parce que c’est la vérité. Faisons une petite analyse ou même, sans analyse, une simple observation de ce qu’il y a dans les tiroirs d’un buffet. Que trouvons-nous ? (Je parle d’une famille de quatre à cinq personnes, parce que pour les célibataires, ça ne fonctionne pas). On peut trouver bien des choses plus ou moins appareillées. Elles ont toujours été côte à côte, je veux dire qu’elles ont résisté aux déménagements, aux guerres, aux divorces… elles reviennent toujours. Je désigne ainsi l’éternelle association : piles, ficelle, ampoules, pince-à-linge. La pile est toujours là, on ne sait pas pourquoi, on ne sait même pas si elle marche encore, mais on n’ose pas la jeter (il y a à cela bien des raisons), la ficelle, c’est magique dans une maison, elle est toujours là et ne sert jamais, l’ampoule, c’est incroyable, sa présence est la marque évidente d’un disfonctionnement, on doit toujours vérifier si elle marche ou pas, mais une fois l’opération réalisée, on la remet dans le tiroir. Si ce n’est pas celle-là ce sera une autre. Les pinces-à-linge, en bois ou en plastique rouge, ne font jamais défaut, on sait pourtant que leur place est sur le séchoir à linge, mais elles s’échappent et fuient leur lieu habituel. Présence omnisciente. Un manuel d’instruction de la cafetière à côté des petites chaussures d’une poupée Barbie, un clic de Famovil, une moto miniature cassée, quelques images de Pokemon, une console de jeu vidéo capable de réjouir la pupille curieuse, un bracelet, une boucle d’oreille orpheline, un élastique.

Des bougies, un grand nombre de bougies d’anniversaires, des neuves, des usagées, un briquet qui ne marche plus, des boutons de toutes les tailles, une bobine de fil, une carte de vœux de Noël et une carte postale de l’été dernier envoyée par un des enfants. Je continue. Nous voilà désolés de retrouver cette fameuse tétine qui plaisait tant à Anita et qu’elle a laissée à 7 ans. Il y a encore des photos imprimées sur papier ordinaire, c’est-à-dire, tirées à la maison, un peu chiffonnée mais cela fait déjà 3 ans… C’est l’été où les cousins sont venus et où nous avons passé du bon temps, vraiment, comme le temps passe vite !… Il y a aussi des photos…  mêlées aux bonbons à l’anis sans sucre, des sucettes et pas mal de ballons de toutes les couleurs, on ne sait même pas s’ils sont percés ou s’ils peuvent encore servir. Il y a une boule de chewing-gum collé et l’indispensable Bic à moitié cassé pour compléter la collection… Cela nous fait entrer soudain dans une phase nostalgique et nous pensons au temps qui passe. Comment jeter cette tétine d’Anita ou cette petite moto, qui même cassée, me rappelle le jour où Juanito l’a gagnée à Carrefour parce qu’il avait été sage pendant que je faisais les courses… Ouf ! Et on commence à verser quelques larmes et à se demander s’il faut tout prendre et jeter à la poubelle ou bien…  Mon Dieu !

Comment jeter tous ces morceaux de vie mis au rancart et cassés ! Ils occupent tout un tiroir pour rien. On n’ose même pas l’ouvrir, tellement on a honte… Si c’était en ordre, on pourrait conserver quelques nappes bien pliées avec les serviettes correspondantes comme dans les maisons de haut standing, mais bien entendu, la nappe est tellement grande qu’elle ne va pas dans le tiroir, on pourrait au moins garder quelques exemplaires des serviettes, mais ça ne va pas non plus, parce qu’elles sont pliées… Il y a des couverts qu’on ne sait plus où mettre… Bref, tout cela ne sert plus à rien, les tiroirs ne servent à rien, les plus grands s’abîment quand on veut diminuer leur espace vital et les petits se rebellent à force d’être ouverts et fermés par la maîtresse de maison. Ce sont ces dernières qui devraient avoir le pouvoir absolu dans les maisons, dans la société, pourquoi est-ce que ce sont elles qui commandent ? Parce que les choses sont comme ça. Elles devraient d’ailleurs avoir beaucoup plus de droit et de prestige dans la société, mais j’ignore pourquoi elles ne l’ont pas. Ce sont des monstres intelligents qui organisent, incitent, pressentent, exercent, ordonnent… enfin, tout ce qu’il faut pour qu’un foyer marche correctement. Et vlan !

Il y a plein de sortes de tiroirs, ceux du buffet de la salle à manger dont on vient de parler, mais il y en a beaucoup d’autres dissimulés dans tous les placards de la maison. Les tiroirs à chaussettes, les tiroirs pour les slips et les culottes… Mon Dieu ! Les tiroirs à cravates. Les immenses commodes débordent de jouets qu’on brise en voulant les faire entrer à tout prix… La seule chose qu’on peut faire c’est de pousser un cri sauvage comme : Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhh ! Quand tout tombe ou qu’on reste avec les poignées dans les mains. Qu’est-ce qui se passe quand le fond du tiroir de la table de nuit tombe parce que le petit de la famille y a rangé quatre journaux, les œuvres complètes d’Harry Potter, trois énormes sacs de billes et quelques cailloux du dernier voyage aux Canaries. Sans parler de 7 petites voitures en acier et autres soldats de plomb. Qu’est-ce qui peut bien arriver ? Au début il s’ouvre mal et se ferme à coups de pieds et finit par coincer complètement parce que c’est un meuble de chez Ikea et on sait bien ce que c’est ! Non seulement il faut se transformer en ingénieur haut de gamme pour monter cette putain de table, mais, une fois montée, elle est montée de travers, il reste des morceaux qu’on ne sait pas où mettre, ou bien elle a mal résisté aux derniers verres de lait qui se sont renversés dessus… Total : la table toute démantibulée, tiroir cassé, tombe en miettes. On pousse des cris de mammouth…

Il y a d’autres tiroirs qui, si on regarde bien, produisent des sentiments très étranges, voire surréalistes. Je pense aux tiroirs absurdes où on ne peut rien mettre comme les tiroirs des salles de bain. Qu’y mettre ? Le flacon de Bétadine, un blaireau de rasage que personne n’utilise, des compresses, un bâton de rouge à lèvres, un petit flacon d’alcool que quelqu’un a mis là par erreur, car ce n’est pas la place des affaires à pharmacie, mais peu importe, du coton, des bâtonnets pour les oreilles… mais c’est mal rangé et quand on se lève le matin on se rend compte que le tube de dentifrice n’est pas dans sa boite et que tout est jauni parce que la Bétadine s’est complètement renversée. Nouveaux cris de guerre, en pensée !

On croit toujours que ce qu’on cache dans un tiroir ne sera vu de personne. Quelle bêtise ! On a tendance à croire que nous sommes les seuls à savoir… Quelle naïveté ! Mais bon, ce doit être inconscient. On met de côté et on pense que personne ne va y toucher, erreur. Tu mets de l’ordre et un autre met du désordre. On surprotège les choses dans notre esprit comme la réplique de nos objets, de nos tristes expériences ou des sentiments que nous conservons comme dans le bazar d’un tiroir. Les tiroirs sont le parfait reflet de notre esprit, on garde des choses qui ne vont pas ensemble, on garde des choses qui n’ont pas de sens mais c’est à nous, et nous sommes absurdes, drôles et mélancoliques… on garde, on garde. On s’efforce de ranger dans nos têtes, toutes ces choses comme dans des tiroirs, mais on ouvre et on ferme si souvent et en plus d’autres viennent y mettre des objets qui n’y ont pas leur place et tout s’entasse sans qu’on n’ose jeter quoi que ce soit… Un jour, on décide de tout jeter… et que se passe-t-il ? Eh bien, on retrouve l’éternel casier de pile, ficelle, ampoule, pince-à-linge. On aura toujours des idées, des sentiments, des expériences qui ne nous abandonneront jamais, il vaut mieux s’y habituer. Il faut vivre pour apprendre à vivre. A chacun sa marotte.


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